L alimentation chez l'enfant 1-3 ans
Docteur Marie-France Le Heuzey, Pédo-psychiatre (Hôpital Robert Debré, Paris) Chaque bébé évolue à son propre rythme. Or, bien souvent, les contraintes de la vie moderne lui imposent un rythme de vie inadapté, en décalage avec celui qui lui convient. Levé à l’aurore, déposé chez la nourrice avant la crèche ou l’école, où les parents ont tendance à l’inscrire dès 2 ans, ne retrouvant ses parents que tard le soir, le jeune enfant se voit imposer des exigences de plus en plus tôt dans sa vie. Les parents, subissant eux-mêmes le terrorisme de l’efficacité, font entrer leur enfant dans la course à l’excellence et à la performance dès son plus jeune âge. Ils souhaitent que leur enfant soit en avance dans tous les domaines : propreté, lecture, scolarité, et même l’alimentation. On retrouve ainsi chez beaucoup de parents la volonté d’avoir un bébé « au top », qui soit grand et performant le plus vite possible, c’est-à-dire un bébé qui mange de tout et à la cuillère. Pourtant, pourquoi se satisfaire que l’enfant mange « comme un grand » quand ses besoins sont encore ceux d’un petit ? L’alimentation d’un bébé n’est pas qu’une affaire de quantité, de rythme de repas et de composition en glucides, lipides, protides, vitamines etc…. Du biberon à l’assiette, le chemin est long. Souvent les mamans ont tendance à penser que le lait n’est pas bon pour leur bébé car il «recrache», c’est le phénomène du reflux. En réalité, en dehors des cas réellement pathologiques, il s’agit bien souvent d’une suralimentation dont l’enfant ne fait que rejeter le trop plein. L’origine de cette suralimentation réside dans la difficulté pour les parents de décrypter les pleurs de bébé, auxquels ils répondent majoritairement par un biberon. Les parents ont souvent l’impression que l’enfant n’est pas assez nourri et n’arrivent pas distinguer