⦁ Définition conceptuelle de l'anarchisme « L'anarchisme, c'est l'ordre sans le pouvoir ». Par cette phrase, Pierre-Joseph Proudhon, dans ses Confessions d'un révolutionnaire (1849), semble donner la définition la plus complète et la plus communément admise de l'anarchisme, mouvement philosophique et politique né au cours du XIXe siècle. Car il n'est pas si simple de définir ce courant politique, qui se fonde sur le rejet de toute autorité, qu'elle soit philosophique, morale, politique ou sociale. Niant tout dogmatisme, comment lui trouver un théoricien, ou même une définition, incontestable ? Il est tout d'abord possible de se fonder sur l'étymologie du mot pour en discerner les fondements : « anarchie » se basse sur le préfixe privatif « an » (sans) et sur « archè », qui signifie autorité, commandement, pouvoir. Encore une fois, cette idée d'un mouvement rejetant toute autorité revient. L'anarchisme est en effet intrinsèquement hostile à toute hiérarchie sociale et politique, et, de là, à toute institution coercitive, au premier rang desquelles on trouve l'État. Comme l'écrit Michel Bakounine, un des théoriciens les plus reconnus de l'anarchisme, "L'État, c'est le mal, mais un mal historiquement nécessaire, aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète." Ainsi, un des buts affichés de l'anarchisme est la disparition de l'État, vu comme la principale entrave à la liberté. Ainsi, l'émancipation individuelle devrait constituer la base de l'organisation sociale, et des relations économiques et politiques.
La distinction avec le libéralisme réside en ce que la liberté est vue comme inhérente à l'être humain, là ou les libéraux considèrent qu'elle rentre dans le cadre d'un contrat social, régi par des lois et des normes pré-établies, éléments que rejette l'anarchisme, au nom du refus de toute autorité. L'homme est tenu, en effet, de se réaliser pleinement par lui-même, sans aucune considération religieuse, morale, ou