UNESCO&USA
I. Introduction et cadre théorique
En 1945, naît l’UNESCO. Le constat de l’après-guerre étant que « les accords économiques et politiques ne peuvent suffire à construire une paix durable », il convient pour les pays adhérant de la rendre possible par « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité »1. De manière plus concrète, ces principes se sont essentiellement exprimés par une assistance éducative à l’attention des pays en développement. Les Etats-Unis sont longtemps restés le premier contribuable au budget ordinaire de l’UNESCO, jusqu’à 2011, date de leur exclusion de l’assemblée générale (où siège les pays adhérant à l’UNESCO), se soldant par leur interdiction d’y voter. Cette annonce n’a pas manqué d’estropier l’UNESCO d’une partie non négligeable de son budget ordinaire, soit 22%2. Dans cette perspective, il n’est pas dénué de pertinence de se demander quels intérêts ont les Etats-Unis à adhérer ou non à une telle organisation ? L’approche néo-réaliste nous semble particulièrement appropriée pour étudier et saisir l’enjeu des relations à géométrie variable entretenues par Etats-Unis et l’UNESCO.
Emergeant dans les années 1980 au même moment que la révolution néo-conservatrice (Reagan, Thatcher), le néo-réalisme reconnait l'existence d'acteurs non-étatiques sur la scène internationale (organisations non-gouvernementales, terroristes, entreprises), mais les rend dépendant de l'acteur étatique, puisque c'est lui qui peut définir leur marge de manœuvre. Cette théorie admet que le système international est anarchique, en ce sens qu’aucune autorité légitime ne peut empêcher ou amorcer la guerre. Dans cet état anarchique, la survie des Etats dépend de "la possession [des Etats à avoir] plus de capacités que ses compétiteurs"3. Ainsi, le comportement des Etats est, selon Waltz, similaire à celui d'un acteur économique, c’est-à-dire qu'ils vont maximiser leur puissance en exploitant