L'assommoir
L'heure paraissait mal choisie pour afficher des audaces tels que l'a osé Émile Zola. Le gouvernement né de la défaite s’efforçait d'imposer une politique d'Ordre Moral. Comme sous la restauration, beaucoup d’œuvres taxés d'immoralités et d'outrages aux bonne mœurs étaient poursuivies et condamnées. Une censure était très présente.
Dans sa préface, l'auteur nous apprend que lorsque L’Assommoir est paru dans un journal, il a été attaqué avec brutalité, chargé de tous les crimes.
Il faut savoir que ce roman est l'une des œuvres à avoir fait le plus de bruit. D'abord le journal, le Bien Public, reçut des protestations de la part de ses lecteurs, de ses abonnés et aussi d'une partie de l'opinion publique. Un rédacteur de la Gazette de France, Dancourt, recommandait à ses lecteurs de ne pas laisser traîner le Bien Public « sur les meubles, surtout s'il y 'a des enfants ». Dans la République des Lettres, une revue à clientèle limitée, fît naître des attaques plus générales encore et plus nombreuses. Divers chroniqueurs écrivaient des critiques contre l'Assommoir tel qu'Albert Millaud, qui en 1876 dans un article du Figaro regrette que Zola ne tienne pas avec cette œuvre, les promesses qu'avaient pu faire naître ses débuts. Suivait dans sa chronique des extraits de phrases que Millaud jugeait abominables, tel que « Elle aurait fichu en personne le feu au bazar, tant que l'embêtement de la vie commençait à lui monter au nez » ou encore « Un grand baveux qu'on aurait pas ramassé sur une pelle... » Pour lui, ce sont des tendances malsaines où il déshonore la littérature.
Émile Zola objecte que rien n'est dangereux comme ces morceaux coupés d'une œuvre et qui deviennent des monstres, détachés de l'ensemble. Il essayait ainsi de faire comprendre à Millaud qu'il reconstituait de son mieux le langage des faubourgs parisiens.
Cependant, l’œuvre de Zola n'eut pas seulement des critiques négatives. Un certain