Les hérétiques et l'église
La valeur péjorative est née en milieu chrétien avec les premières controverses théologiques dont témoignent Justin de Naplouse et Irénée de Lyon qui ont écrit "contre les hérésies" au IIe siècle. Au IVe siècle les empereurs prendront des mesures contre les hérétiques, volonté de monopole religieux qui interdit la liberté de croyance et la libre opinion.
Dans le contexte antique, la religion étant plus rituelle que dogmatique, l’haíresis n’a pas l’aspect dramatique que revêtira l’hérésie chrétienne. En effet, l’Antiquité polythéiste sépare le mythe de la philosophie. Le monothéisme introduit la théologie, l’étude rationnelle du divin, qui englobe et transcende ces deux domaines. La théologie permet d’édicter des vérités objectives sur Dieu, les dogmes. Toutefois, ces dogmes ne revêtent pas la même importance dans toutes les religions, ce qui explique différentes attitudes par rapport à l’hérésie.
* Pour les juifs, l’appartenance au Peuple élu prime sur toute conception théologique, ce qui permet l’existence de sectes aux dogmes et aux pratiques différentes, mais appartenant toujours à l’héritage judaïque. * Pour les chrétiens, l’Église est le corps vivant du Christ. L’unité dogmatique est donc fondamentale. Toute hérésie étant une atteinte à cette unité, elle est une blessure infligée au corps du Christ, donc un sacrilège. * Pour les musulmans, il n'existe pas de dogme qui ne soit explicitement contenu dans le Coran, issu des paroles d'Allah, dictées à Gabriel qui les révela à Mahomet. En tout état de cause, l’islam sunnite n’ayant pas de clergé, aucune autorité n’a compétence pour décider de la validité d’une interprétation particulière du Livre saint.
Dans un contexte chrétien,