L'intelligence
Moins de deux ans après leur victoire commune, Etats-Unis et Union soviétique allaient s’opposer dans une forme de guerre inédite – qualifiée de « guerre froide » - dont les origines immédiates se trouvent passionnément discutées par les historiens : les uns (traditionalistes) attribuant la responsabilité du conflit de domination américaine et à l’agressivité du nouveau président Truman ; d’autres encore (réalistes) soulignant le caractère inévitable d’une confrontation entre les deux plus grandes puissances du moment. Tous sont cependant d’accord pour voir dans le discours prononcé par Harry Truman, le 11 mars 1947, la concrétisation de la rupture entre les Etats-Unis et l’Union soviétique.
Dans cette guerre sans merci, aux aspects souvent inhabituels, les affrontements directs furent de trois natures : idéologiques, d’abord, chaque camp s’efforçant de propager ses idéaux par l’intermédiaire de groupes sympathisants, grâce à des moyens d’information (radio, presse…), des campagnes d’opinion (comme celle pour la paix, contre l’armement atomique de 1949-1950), ou de véritables « croisades » (chasse aux « révisionnistes » à l’Est, chasse aux
« sorcières » communistes aux Etats-Unis…) ; économiques, sous la forme d’aides et de subsides distribués à des pays dans l’intention de les rallier (Plan Marshall de 12-13 milliards de dollars intéressant seize pays européens) ; diplomatiques, un camp profitant de la faiblesse temporaire de l’autre, pour tenter de marquer des points
(blocus de Berlin en 1948-1949 sur ordre de Staline).
Mais la Guerre froide se caractérisa surtout par ses affrontements indirects, qui furent de deux types : la subversion et la guerre ouverte par des satellites interposés. Ainsi la guerre de Corée (1950-1953) ne fut pas seulement une guerre civile, dressant l’une contre l’autre deux fractions d’un même peuple ; avec la présence de « volontaires » chinois dans le