1. Un islam tolérant, imprégné de fortes spécificités locales
La situation de l’islam en Indonésie est paradoxale : bien que réputée premier pays musulman au monde (88 % de sa population), l’Indonésie n’est pas une république islamique. Elle reconnaît officiellement les religions monothéistes (judaïsme, catholicisme, protestantisme, islam) ainsi que l’hindouisme et le bouddhisme.
L’islam s’est implanté en Indonésie entre les 13e et 15e siècles, véhiculé par les réseaux de marchands en provenance du monde indien. Les premiers sultanats ont été implantés sur les côtes, à Pasai en 1295, à Palembang en 1300, à Aceh en 1400, sur l’île de Sumatra, aux Moluques, à Java.
L’islam indonésien apparaît relativement homogène (rite sunnite). Toutefois, les musulmans se partagent en deux catégories : d’une part, les musulmans de stricte obédience, issus des sociétés marchandes ; d’autre part, les musulmans de l’intérieur, issus des sociétés agraires, dont la foi est beaucoup plus syncrétique.
Durant la colonisation hollandaise, la métropole avait limité le rôle de l’islam à une simple pratique religieuse sans lui permettre de s’exprimer sur le plan politique. Cet héritage se fait encore sentir à présent. Ainsi, le droit indonésien est d’inspiration hollandaise, même si depuis les années 1970, le droit islamique acquiert petit à petit un statut officiel :
- en 1970, une loi reconnaît les cours religieuses ;
- en 1989, le gouvernement confirme la loi de 1970 et la juridiction des cours islamiques en matière de mariage, d’héritage, de donations et de dons de mainmorte (waqf) ;
- en 1977, la Cour suprême est habilitée à connaître en cassation, selon la loi islamique, d’un jugement émis par une cour islamique.
En règle générale, les dérives en matières d’application de la charia ne sont pas le fait de l’État central, mais de dynamiques locales et d’un processus de décentralisation mal contrôlé. Le gouvernement a adopté plusieurs législations protégeant les droits de l’Homme et