Une famille, dans les années soixante, qui habite Random, dans la Loire-Inférieure, actuel département de Loire-Atlantique. D’abord, il y a la pluie, toujours, chaque jour, la pluie obsédante, omniprésente, la pluie incessante et entêtante, qui toujours imprègne et imbibe cette terre sans relief. La pluie, ou devrait-on dire les pluies, car elle sait être protéiforme, cinglante averse un jour, fine bruine le lendemain, obstiné crachin, elle mouille, trempe, s’insinue, s’infiltre, envahit, et pousse les hommes à s’abriter sous les auvents ou les porches, ou à attendre l’éventuelle éclaircie en se réfugiant dans un café, ou bien à se tapir chez soi. Quand les nuages s’effacent, c’est comme une plaisante farce que le climat joue aux hommes, en leur faisant croire qu’enfin ils auront droit à une journée de plein soleil. C’est dans cette Loire-Inférieure que vit le narrateur, avec sa famille unie et marquée par la mort.
C’est le grand-père Alphonse que l’on croise en premier, personnage taciturne, enfermé dans un monde intérieur qu’il ne souhaite quitter pour rien au monde. Il navigue dans sa vie comme au volant