07 05 08RECITSCIENCEFICTION
Une approche comparative
Prenons comme point de départ de la comparaison le récit réaliste. Le propre de cette sorte de fiction, c’est qu’elle permet au lecteur de se croire dans son monde à lui. Pas nécessairement le monde étroit dont il a l’expérience personnelle, pas nécessairement le monde des lieux qu’il fréquente et des gens qu’il côtoie, mais un monde qu’il identifie à la réalité, sachant que celle d’autrefois diffère de celle d’aujourd’hui et que les gens ne vivent pas ailleurs exactement comme ils vivent ici. Dans le récit réaliste comme dans la réalité, il est impossible que se produisent certains événements non conformes aux lois de la nature, et tous les événements qui ont lieu peuvent s’expliquer par ces lois.
Le récit merveilleux est certainement celui qui diffère le plus du récit réaliste. Dans ce cas, en effet, le lecteur est confronté à un monde où surviennent des phénomènes que l’on ne rencontre pas dans la réalité, et qui demeurent sans explication : certains personnages ont des pouvoirs et certaines choses des propriétés littéralement extraordinaires, impossibles à comprendre selon les lois de la nature. Certes, il arrive que les héros des récits merveilleux se conduisent comme vous et moi, manipulent des objets familiers ou se déplacent dans des endroits communs, mais les faits qui se produisent et que nous jugeons invraisemblables sont si nombreux et si différents de ceux que nous pouvons observer autour de nous que nous ne doutons pas un instant d’être dans un univers radicalement autre, un univers où tout peut arriver. Et puisque nous nous attendons à tout, nous n’avons pour ainsi dire peur de rien.
La peur, voilà sans doute un des principaux effets, bien réels, que produisent sur les lecteurs les récits fantastiques. Ce qui les caractérise, c’est l’irruption, dans un univers qui ressemble à la réalité, d’un phénomène incompatible avec les lois de cet univers. Un phénomène inexplicable, effrayant, d’autant