Agonie de l'enfant
Situation du passage
A la fin du mois d’octobre, la peste poursuit inlassablement ses ravages. Le docteur Castel a mis au point un sérum qui va être essayé sur le fils du juge Othon dont le cas est jugé désespéré par Rieux. Entouré de tous les personnages importants – Castel, Tarrou, Paneloux, Grand, Rambert et Rieux – l’enfant se livre à une lutte pathétique contre le mal qui l’assaille. Cette scène poignante est l’occasion d’une réflexion morale sur le sens de la condition humaine.
1/ Une scène insoutenable
a. Une véritable scène Le passage constitue une véritable scène dans la mesure où plusieurs personnages spectateurs entourent un lit où se joue une lutte terrible entre un enfant et la maladie, mais aussi parce que le lecteur assiste à son agonie en direct (égalité entre temps de la narration et temps de la fiction). L’enfant est le véritable centre d’intérêt de ce passage. Véritable point de gravitation des regards des personnages et du narrateur, sa souffrance est ainsi mise en valeur. On peut distinguer trois moments dans ce combat, marqués chaque fois par un assaut qui met en branle le corps et un répit qui correspond à son relâchement :
- l. 2-7
- l. 19-25
- l.27-36
Si le mouvement est toujours le même, tel un ressort qui se tend et se détend, il s’intensifie pourtant au fur et à mesure, illustrant l’avancée du mal sur l’enfant. En effet, on observe une gradation dans l’offensive par les termes qui désignent la position du corps : d’abord il « se raidit » (l.2), puis il « se plie » (l. 19) et ensuite « il se recroqueville » (l. 28-29). Les deux dernières expressions décrivent la position fœtale de l’enfant. On assiste à une tentative de retour vers la sécurité de la matrice féminine, vers la mère, promesse de réconfort. Nous pouvons également penser que ce retour vers la mère symbolise le renouvellement d’un cycle et ainsi, la fin de celui-ci. Cette progression vers une issue paraît inéluctable –