Altérnance
‘« Un connecteur pragmatique est une marque linguistique, appartenant à des catégories grammaticales variées (conjonctions de coordination, conjonctions de subordination, adverbes, locutions adverbiales), qui :
- articule des unités linguistiques maximales ou des unités discursives quelconques
- donne des instructions sur la manière de relier ces unités
- impose de tirer de la connexion discursive des conclusions qui ne seraient pas tirées en son absence. » (Moeschler et Reboul, 1998:77)’
Cette définition attribue trois propriétés aux connecteurs pragmatiques concernant respectivement leur domaine, la nature de leur contenu et les effets de leur usage.
Les auteurs illustrent cette définition par l’exemple de « mais » dans l’énoncé :
1) Il fait beau mais j’ai envie de rester à la maison
Le connecteur « mais » :
• articule deux propositions indépendantes : il fait beau / le locuteur a envie de rester à la maison (domaine)
• il introduit un contraste entre les conclusions que le locuteur invite le destinataire à tirer à partir de deux propositions : « il fait beau » est une raison de sortir alors que « j’ai envie de rester à la maison » est une raison de ne pas sortir (nature du contenu)
A supposer qu’on efface « mais », on obtient l’énoncé :
2) Il fait beau, j’ai envie de rester à la maison
Cet énoncé ne contient aucun contraste. L’interlocuteur se trouve dans la possibilité de comprendre que le fait de rester à la maison est motivé par le beau temps. (effet cognitif et contextuel)
De même :
3) John est anglais ; il est donc courageux
4) John est anglais ; il est courageux
En (3), « donc » implique que les Anglais sont courageux, alors que dans (4) l’absence de « donc » n’impose aucune connexion de ce type.
Dans l’approche pragmatique, le connecteur a donc la fonction de relier des segments de discours et aussi de rendre la connexion non ambiguë et univoque. C’est la fonction