Amours imaginaires
Quels déplacements produit la rencontre amoureuse dans l’espace-temps cinématographique?
Une conception renouvelée du voyage où intérieur et extérieur ne s’opposent plus. De nouvelles combinaisons audiovisuelles à la recherche de l’imprévu.
La vitesse de transport ne fait que multiplier l’absence, voyager pour oublier conseillait-on autrefois au neurasthénique, voyager palliait la tentation suicidaire en lui opposant un substitut, la petite mort du départ, l’ acquisition de la rapidité de déplacement, c’était la disparition dans le sans-lendemain de la fête du voyage et pour chacun comme la répétition différée de son dernier jour (Paul Virilio)
Une conception du voyage, le voyage comme illusion locomotrice. La question n’est pas tant de se déplacer que de fuir sa propre inertie. Fantasme de mouvement, jouissance voyeuriste du voyageur cherchant à différer l’instant de sa mort, à se déconnecter du monde réel au profit d’un monde imaginaire. Un imaginaire d’évasion, improductif, stérile, qui ne cherche pas à transformer la vie, mais à la fuir au contraire, pour permettre d’oublier provisoirement ses conditions réelles d’existence, d’ obtenir quelques satisfactions de compensation quand la vie n’en offre pas assez. Socialement, il fait office d’élément stabilisateur, de soupape de sécurité. Oublier sa vie l’espace d’un instant, la différer un moment. Percer l’abcès du quotidien, repartir soulagé et s’abandonner de nouveau à l’engrenage de l’existence.
C’est un mal de vivre qui ronge tout un pan de l’histoire du cinéma (mais aussi de l’histoire de la littérature, de la chanson populaire etc), à travers les représentations qui en sont données, notamment celles de l’amour: Romantisme édulcoré au happy end facile, passions au dénouement fatal, puritanisme ou perversité. L’amour est usé par sa propre image. Il est lui- même devenu image. Image publicitaire dominante, où l’amour ne sait plus exister en dehors de