Amélie nothomb jérome clément olivier razac jean-louis missika
Le discours de dénonciation de l’émission Loft Story qui s’est développé dans les pages des quotidiens nationaux au printemps 2001 a donné à lire et à observer non pas le seul rejet d’une émission de téléréalité, mais le constat pessimiste d’un monde en mutation, ou plutôt en perdition. La critique de Loft Story s’est prolongée en une sévère diatribe contre la transformation de notre société en une société sans culture ni valeurs, barbare, virtuelle et factice, une société d’exploitation, totalitaire et inhumaine, d’où ont disparu le beau, la décence, la liberté, le droit, la dignité, l’éthique.
Nous étudions ici la mise en accusation de l’émission Loft Story, sa constitution en objet méprisable et scandaleux. Prenant pour terrain d’étude les articles parus dans la presse quotidienne nationale, nous relevons chronologiquement l’apparition des différents thèmes et champs d’interprétation qui structurent la dénonciation. Leurs auteurs effectuent une prodigieuse montée en généralité et prennent la défense de valeurs ultimes et principes communs. Affirmant s’exprimer au nom de l’ensemble du corps social, ils condamnent, à travers Loft Story, les dérives d’une société qui court à sa perte et devient barbare et inhumaine. Le discours de dénonciation déborde des pages des quotidiens et investit la cité, sous une forme complexe, ludique et ironique. Il se prolonge en une action collective menée au nom de tous pour le bien de tous.
DOC 2
À la fin du XIXe siècle, un nouveau genre d'animal trouve sa place dans les zoos occidentaux: l'homme « sauvage » d'Afrique, d'Océanie ou d'ailleurs. Dans un décor de cases et de palmiers, Pygmées et Canaques sont exhibés au public. Ce qu'on attend de ces corps domptés et enfermés derrière des grilles, c'est justement d'offrir le spectacle d'une nature intacte.
Des zoos humains d'autrefois aux shows télévisés d'aujourd'hui, des expositions coloniales à Loft Story, Olivier Razac met au jour une étrange proximité. Ce