analyse pièce je suis encore en vie
Jacques Allaire
Pour le deuxième spectacle de son diptyque sur l’aliénation, Jacques Allaire a adapté au théâtre du Tarmac la vie de la poétesse afghane Nadia Anjuman battue à mort à l’âge de 25 ans par son mari et laissant derrière elle un enfant de 6 mois. Mais plus qu’une large adaptation de la vie tragique de cette femme, c’est une réflexion sur l’enfermement et sur la condition des femmes dans certains pays qu’il nous livre dans cette pièce. Sur scène, deux acteurs, l’homme, le mari de Nadia Anjuman se trouve entre la vie et la mort et ne se réveillera qu’à la fin de la pièce pour accomplir sa triste destinée. La femme, cloisonnée dans le silence mène son existence réglée par des lois et des impératifs imposés par son mari.
Quel message le metteur en scène, en nous racontant la vie de Nadia Anjuman, cherche-t-il à transmettre au spectateur ?
Jacques Allaire a voulu transmettre au spectateur “une sensation plutôt qu’un récit objectif” de la vie de Nadia Anjuman. Ainsi il ne cherche pas à faire la fable de A à Z de son histoire avec l’aide de dialogue et de monologues. On sent dans sa mise en scène l’envie du metteur en scène de faire ressentir au spectateur la situation d’enfermement et de désespoir de la poétesse. Pour commencer, le choix de la scène n’est pas anodin. La sale d’environ 60 places se trouve dans les combles du théâtre du Tarmac. Exigüe, étroite, entièrement peinte en noire et éclairée de faibles lumières elle donne au spectateur un sentiment claustrophobe qui va s’amplifier tout au long de la pièce. Les lumières s’éteignent, le spectacle commence. La salle est vide mais des morceaux de scotch blanc marquent la place que les meubles prendront sur scène après que les comédiens les aient apportés sur le plateau. Tout a sa place établie et délimité par ces marques blanches. Tout est calculé au centimètre près, comme la vie de la jeune femme. L’homme finit de coller des bandes blanches tout autour de la scène,