Analyse prologue acte i roméo et juliette
[Introduction]
Le prologue de l’acte I de Roméo et Juliette est un sonnet récité par le chœur. Le chœur, dans le théâtre antique, est un personnage joué par un ensemble d’acteurs qui commente l’action. Un seul acteur, ici, entre en scène et résume la pièce. Raconter la fin de la pièce dès son début peut sembler étrange. Interrogeons-nous donc : quelles sont les fonctions de ce prologue de l’acte I ?
Tout d’abord, en proposant un résumé alléchant d’une histoire sans doute déjà connue du public, ce prologue remplit une fonction d’accroche. [La première phrase du paragraphe a énoncé clairement l’argument, l’élément ou l’idée qui sera ensuite développé, illustré, éventuellement prolongé, dans le paragraphe] Le chœur ménage une sorte de synopsis susceptible de mobiliser l'attention du spectateur : la haine ancestrale des deux familles, de nouvelles rixes qui réveillent la guerre civile à Vérone, les deux héritiers uniques de ces deux familles qui deviennent amants, leur mort qui scellera la réconciliation des familles ennemies. Résumer la pièce dès l’introduction, n’est-ce pas attenter au « suspens » ? L’histoire de Roméo et Juliette, appartenant à l'origine au folklore et ayant inspiré de nombreux auteurs européens aux XVe et XVIe siècles, est vraisemblablement connue de la plupart des spectateurs élisabéthains de cette toute fin du XVIe siècle ; ce sonnet introductif vise donc à remettre dans l’esprit du public les ingrédients qu’il est venu goûter : la haine ancestrale, le sang civil, l’amour et la mort… Le public brûle-t-il d’éprouver « terreur et pitié », fondement de la catharsis ? Les mots « fearful » et « piteous » figurent dans le texte... Les deux derniers vers relèvent du procédé rhétorique de la captatio benevolentiæ : la troupe d’acteurs s’engage à jouer cette pièce avec zèle. Le film Shakespeare in love montre bien comment ces deux derniers vers parviennent, en quelque sorte, à « chauffer la