Anamnèse
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L'anamnèse comme procès du corps de l'art
LAMBERT Xavier
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- Articles Date de mise en ligne : jeudi 21 octobre 2010
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L'anamnèse comme procès du corps de l'art
L'anamnèse, c'est, au sens originel du terme, le rétablissement de la mémoire. Mais le Robert précise : « Évocation volontaire du passé. [1] » Le mot est formé du préfixe -ana qui « indique un mouvement de bas en haut [...], utilisé aussi dans le sens de "en arrière" [...], "à rebours" [...], ou "de nouveau" [2] » et de mneme, mémoire. L'anamnèse ne consiste donc pas seulement à retrouver la mémoire puisque le préfixe -ana, s'il suppose un retour, par le fait qu'il exprime aussi l'idée de « à nouveau », indique que nous ne sommes pas dans un retour pur et simple à une situation d'origine, mais qu'il s'agit d'un processus dialectique où le passé retrouvé, pour reprendre l'expression du Robert, n'est pas le fruit d'une empreinte d'ordre analogique mais celui du processus mental volontaire d'une reconstruction.
Or, si le corps est particulièrement présent dans les formes actuelles des arts plastiques, c'est parce que, selon moi, il s'inscrit dans un processus d'anamnèse. L'hypothèse que je propose est que les pratiques, plastiques notamment, relevant de l'art moderne et contemporain se sont globalement inscrites dans un processus de dissolution du corps, et que le corps contemporain est un corps en dissémination. C'est particulièrement vrai pour le corps actant de l'artiste dans le procès de la réalisation de l'oeuvre. Seurat aspirait déjà à peindre comme une machine. Duchamp, qui n'a jamais caché son intérêt pour la machine et le dessin technique, introduit dans le champ de l'art, en tant qu'oeuvre, l'objet produit industriellement par la machine.... De nombreux exemples attestent cette volonté de rejeter le corps