Anesthésiste
Bertrand Dureuil (Rouen)
La morbidité respiratoire périopératoire a probablement considérablement diminué en particulier chez l’insuffisant respiratoire chronique. Des études récentes de séries de patients souffrant d’un handicap respiratoire préopératoire sévère montrent qu’ils peuvent tolérer des interventions chirurgicales majeures avec une fréquence d’insuffisance respiratoire postopératoire qui reste inférieure à 5 % [56,83]. Même si cette morbidité respiratoire reste supérieure à celle d’une population sans atteinte respiratoire, elle est considérablement inférieure à ce qui était rapporté il y a 20 ou 30 ans [79]. L’origine de cette amélioration est probablement multifactorielle, impliquant non seulement une meilleure tolérance des procédures chirurgicales, mais encore une prise en charge péri-anesthésique mieux adaptée aux spécificités de ce terrain.
1. Évaluation de la fonction respiratoire et éléments d’appréciation du risque
L'évaluation préopératoire de la fonction respiratoire tient une place fondamentale et elle se résume, pour la majorité des patients même insuffisants respiratoires sévères, à l'examen clinique complété éventuellement d’examens complémentaires simples. Elle fournit des éléments objectifs du risque opératoire en quantifiant au mieux le handicap respiratoire et permet, à partir du recueil de certains paramètres variables selon les auteurs, de classer éventuellement le patient dans un groupe, dit « à haut risque » de développer des complications respiratoires postopératoires. L'inclusion d'un patient dans ce groupe ne prédit pas, à coup sûr, une défaillance respiratoire postopératoire et ne représente pas en soi une contre-indication à la chirurgie. L'intérêt essentiel de cette classification est de prévoir le niveau de prise en charge dont devra bénéficier le patient au cours de la période postopératoire (surveillance en soins intensifs, ventilation mécanique postopératoire...).