Anthologie de poésie- Bac Français 1èreS- Poésies de l'Antiquité à nos jours
Année 2012/2013
Lycée Richelieu
Antiquité
Anacréon, Odes
ODE XX
Sur une jeune fille.
La fille de Tantalos fut, dit-on, changée en rocher sur les montagnes des Phrygiens, et la fille de Pandion fut faite hirondelle et s’envola.
Mais moi, que je devienne miroir, afin que tu me regardes !
Que je sois ta tunique, ô jeune fille, afin que tu me portes !
Que je sois une eau pure, afin de laver ton corps ; une essence, pour te parfumer ; une écharpe, pour ton sein ; un collier de perles, pour ton cou ; une sandale, pour que tu me foules de ton pied !
Moyen- Âge
Guillaume de Machaut, Ballade,
Je maudis l'heure et le temps et le jour...
Je maudis l’heure et le temps et le jour,
La semaine, le lieu, le mois, l’année
Et les deux yeux dont je vis la douceur
De ma dame, qui ma joie a finée.
Et si maudis mon coeur et ma pensée,
Ma loyauté, mon désir et m’amour
Et le danger qui fait languir en pleur
Mon dolent coeur en étrange contrée.
Et si maudis l’accueil, l’attrait, l’atour
Et le regard dont l’amour engendrée
Fut en mon coeur, qui le tient en ardeur,
Et si maudis l’heure qu’elle fut née,
Son faux-semblant, sa fausseté prouvée,
Son grand orgueil, sa durté où tendreur
N’a ni pitié, qui tient en tel langueur
Mon dolent coeur en étrange contrée.
Et si maudis Fortune et son faux tour,
La planète, l’heur, la destinée
Qui mon fol coeur mirent en telle erreur
Qu’oncques de moi fut servie n’aimée.
Mais je prie Dieu qu’il gard sa renommée
Son bien, sa paix, et lui accroisse honneur,
Et lui pardonn’ ce qu’occit à douleur
Mon dolent coeur en étrange contrée.
Renaissance
Maurice Scève, 1544,
Tant je l'aimais qu'en elle encor je vis...
Tant je l'aimais qu'en elle encor je vis :
Et tant la vis, que malgré moi, je l'aime.
Le sens, et l'âme y furent tant ravis,
Que par l'Oeil faut, que le coeur la désaime.
Est-il possible en ce degré suprême
Que fermeté son outrepas