Anthologie sur le thème de l'amour composé de 10 poèmes du XVI ème siècle.
Pierre de BRACH (1547-?) : Amour, adieu...
Amour, adieu, je prends congé de toi
Amour, adieu, je m'en vais, je te laisse,
Je ne veux plus aimer cette maîtresse
Qui m'a tenu si longtemps en émoi.
Je ne veux plus la voir rire de moi,
S'éjouissant de me voir en tristesse.
Ni son bel oeil, qui m'oeillade sans cesse,
Ni de sa bouche une parjure foi,
Ni sa beauté, de moi tant admirée,
Ni de ses yeux une flèche tirée,
Ne me vaincront pour me rendre encor sien.
Adieu donc, l'oeil, adieu doncques, la bouche,
Adieu, beauté, adieu, flèche sans touche,
Cruelle, adieu, car je ne suis plus tien.
Pierre de RONSARD (1524-1585) : Amour me tue, et si je ne veux dire
Amour me tue, et si je ne veux dire
Le plaisant mal que ce m'est de mourir :
Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir
Le mal, par qui doucement je soupire.
Il est bien vrai, que ma langueur désire
Qu'avec le temps je me puisse guérir :
Mais je ne veux ma dame requérir
Pour ma santé : tant me plaît mon martyre.
Tais-toi langueur je sens venir le jour,
Que ma maîtresse, après si long séjour,
Voyant le soin qui ronge ma pensée,
Toute une nuit, folâtrement m'ayant
Entre ses bras, prodigue, ira payant
Les intérêts de ma peine avancée.
Pierre de RONSARD (1524-1585) : Je ne suis seulement amoureux de Marie
Je ne suis seulement amoureux de Marie,
Anne me tient aussi dans les liens d'Amour,
Ore l'une me plaît, ore l'autre à son tour :
Ainsi Tibulle aimait Némésis, et Délie.
On me dira tantôt que c'est une folie
D'en aimer, inconstant, deux ou trois en un jour,
Voire, et qu'il faudrait bien un homme de séjour,
Pour, gaillard, satisfaire à une seule amie.
Je réponds à cela, que je suis amoureux,
Et non pas jouissant de ce bien doucereux,
Que tout amant souhaite avoir à sa commande.
Quant à moi, seulement je leur baise la main,
Les yeux, le front, le col, les