Apercu sur le theatre
Le théâtre de Samuel Beckett rompt avec le théâtre traditionnel qui met au cœur de la représentation l’action, le conflit psychologique, menés jusqu’au dénouement. Ses personnages sont le contraire du héros tragique, personnages insignifiants, clochards, évoluant dans un décor presque inexistant : un fossé, une route avec un arbre, des personnages enfoncés dans des poubelles, ou dans un mamelon de terre, jusqu’au dépouillement le plus extrême des pièces plus tardives, la bouche féminine et sa voix dans le noir de Pas moi, 1972 (Not I) et ainsi de suite jusqu’au silence même.
Comme dans les romans, ses protagonistes ont des corps défaillants, dissolution du corps suppléé par la voix tandis que le reste des occupations se réduit à des gestes sans signification, dans une attente sans espoir et à jamais recommencée. La dimension du néant, de la mort, l’inexistence de tous sentiments lyriques, un pessimisme radical sur la condition humaine confèrent à son théâtre une dimension métaphysique. Beckett affirme que, contrairement à la littérature classique, il ne veut pas donner une image rassurante de l’homme, et d’avoir été précédé en cela par d’autres : Schopenhauer ou Leopardi, même si son pessimisme va plus loin. (Charles Juliet, Rencontre avec Samuel Beckett,