Apologue sur la guerre
C’est une notion impitoyable. Complexe et incomprise pas la plupart des gens. En fait, je pense que les personnes aptes à cerner complètement ce terme sont les gens comme moi. Les « héros ». Héros ? Si vous étiez à ma place, vous n’utiliseriez pas ce terme. Si vous connaissiez ma vie, mon parcours dans cet atroce enchevêtrement d’actes abominables et injustes qu’est la guerre, vous sauriez comment m’appeler.
C’est d’ailleurs ce que je vais faire. Vous raconter ma vie. Banal comme acte, me direz-vous. Une autobiographie pour renforcer ses arguments. D’aucuns diraient que c’est pathétique. Mais je l’assume pleinement.
C’était il y a dix ans de cela. L’insurrection rebelle sur Eridanus II avait commencée depuis quelques mois. Mon père est venu me voir, fier, souriant. Il me fit assoir et me demanda si j’avais vu le monde. Qu’entendait t-il par là ? Je n’en savais rien. Mais j’étais curieux de savoir. Il m’a dit « Fils, prends simplement cette arme, tu seras même payé ! ». Sans que je n’en sache rien, je fus enrôlé dans l’armée de mon pays. Portant dans ma main ce drapeau coloré.
J’étais fier ! J’étais endoctriné en bon soldat et étais prêt à mourir si nécessaire. Pour ce drapeau, pour ce qu’il représente. En quelques jours, j’avais mon uniforme, mes bottes noires brillantes tant j’avais craché dessus pour les nettoyer.
Puis ils m’ont coupé les cheveux. Malgré une mine affreuse et un mauvais pressentiment, tout allait bien. Je me trouvais bien. A ma place, parmi tous ces soldats. Des clones pour ainsi dire. Presque chauves, toujours la même tenue. Chantant la même chanson, marchant au pas. On est tous devenus amis, alors que nous apprenions à nous battre.
« Un héros de guerre. C’est ce que je vais être ! Et quand je rentrerai à la maison, ils seront fiers de moi. » Disais-je. Ce drapeau, je le porterai, jusqu’à la mort s’il le faut ! Parce que c’est un drapeau que j’aime. Un drapeau en lequel j’ai confiance !
Le front. Les missions suicides. Les