La fable est un court récit écrit plutôt en vers sa visée première est didactique, et c’est le choix de l’argumentation indirecte qui sert cette visée : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes », dit La Fontaine dans la fable liminaire du premier recueil, adressée au Dauphin. L’apologue est-il une arme de contestation efficace ? Nous dégagerons tout d’abord les atouts pour ensuite montrer les limites de art de convaincre. Et finalement nous étudierons le rôle de la littérature. L’apologue donne la possibilité d’exprimer des idées souvent complexes sous une forme d’une extrême simplicité et d’une extrême concision ; facilitées d’accès, évite l’ennui, permet de toucher un vaste public. De plus, on persuade mieux le lecteur en l’amusant, en l’intéressant à une histoire pleine de rebondissements, qu’en lui tenant des discours sérieux. C’est la thèse défendue par La Fontaine dans sa fable : « Le pouvoir des fables ». L’apologue permet d’éviter la formulation explicite de la thèse soutenue. Lorsque le caractère subversif de cette thèse pourrait mettre en danger l’auteur du texte, cette particularité peut être salutaire. Par ailleurs, elle permet d’éviter l’effet parfois rebutant pour le lecteur effarouché et à demi-convaincu d’un discours trop violent ou d’une dénonciation trop précise. Nous avons noté comme un avantage le plaisir de deviner : l'apologue exige une certaine communauté de culture, une certaine complicité entre l'auteur et le lecteur. Mais cette communauté de culture n'existe pas nécessairement. La moralité, dans les fables de La Fontaine, n’est pas toujours explicitée et, dans ce cas, elle n’est pas toujours facile à trouver : ainsi de la fable que l’on apprend à tous les enfants, « La Cigale et la Fourmi », qui semble faire l’éloge de la fourmi et de sa prévoyance et le blâme de la cigale mais qui a donné lieu à des interprétations très différentes. Rousseau s’insurgeant contre la « leçon d’inhumanité » que semble donner la fourmi,