Aragon, Aurélien meurt (1944)
-jeu sur l’incipit et le portrait des personnages
INTRODUCTION:
Louis Aragon, né en 1897 à Paris et mort en 1984, est un poète et romancier français. Il est, en 1924, l’un des créateurs du mouvement surréaliste avec André Breton. Aragon fût profondément marqué par les deux guerres mondiales qu’il vécut et on perçoit dans ses écrits, comme pour la plupart des écrivains de l'époque, l’influence de cet événement.
Aurélien, publié en 1944, raconte l’histoire d’un jeune bourgeois, Aurélien Leurtillois, qui est amoureux de Bérénice. Le personnage éponyme appartient à la génération de l’entre-deux guerres. Il veut oublier les traumatismes qu’il a vécu dans les tranchées pour vivre une « vie légère ». L'extrait qu'on va commenter correspond à l'incipit du roman lors de la remémoration de la première rencontre entre Bérénice et Aurélien.
En quoi cet incipit rompt avec la tradition et le topos?
I/Le refus de l'incipit traditionnel
A/Un incipit déroutant
L'incipit a normalement pour but d'apporter l'information nécessaire au lecteur sur le cadre spatio-temporel où va se dérouler l'action, les personnages qui y vont intervenir et il annonce l'intrigue du roman et le style de l'œuvre.
Le début de ce texte est déroutant puisque le narrateur nous met en présence des personnages comme si nous les connaissions, comme si nous étions au courant du cadre spatio-temporel.
Le récit commence au passé-simple sans aucune indication de date. Il faut attendre le deuxième mouvement de texte pour situer les actions : --> « la guerre » : déterminant de notoriété
--> « les tranchées » : 1ère guerre mondiale
--> « démobiliser / plus tard » : l'action se déroule dans l'entre-deux-guerres.
Toutefois le lien entre guerre et poésie n'est pas explicité : il y a là une forme de mystère. Le lieu de la rencontre est lui-même indéterminé. Le seul lieu cité est « Césarée » dans un vers : lieu lointain existant mais qui se dématérialise et invite le lecteur à la rêverie. Les