Quand Flaubert rencontre le grand écran …

Avec son adaptation cinématographique de la nouvelle « Un cœur simple » , Marion Laine nous invite à entrer dans l’univers de Flaubert et nous fait redécouvrir ce grand classique … La réalisatrice nous propulse dans la vie de Félicité ; celle d’une femme qui consacre sa vie à l’amour et aux autres. Félicité est une jeune fille de campagne, seule après la disparition de sa famille et élevée dans une ferme parmi les animaux. Le lien qu’elle entretient avec ceux-ci se révèle aussi fort que son ignorance. Devenue femme, Félicité se révèle généreuse, entière et touchée directement par la violence du monde. Blessée par un amour à sens unique, la jeune femme décide de s’engager auprès de Madame Aubain et de ses enfants Virginie et Paul, en tant que bonne. Toute sa vie se résumera à l’amour qu’elle donne successivement à Théodore son amour de jeunesse qui l’abandonnera ; à Virginie qu’on lui refusera d’aimer ; à Victor son neveu mort en mer ; à Dieu qu’elle découvrira tard et enfin à Loulou, son perroquet. Mme Aubain devient comme la pièce maitresse du monde que Félicité s’est laborieusement construit. Par son aversion envers le mépris et l’indifférence, Félicité devient une sainte parmi les autres, comme un rayon de folie naïve dans un monde trop morne et trop gris.
Le talent de Marion Laine est contenu dans l’art avec lequel elle épure la nouvelle, la rendant plus légère et habitée. Il réside aussi dans l’art des silences, plus explicites et graves que les dialogues .Les plans s’enchainent intelligemment et les cadres s’équilibrent parfaitement, appuyant la relation passionnelle que Félicité entretient avec le monde. Malgré les libertés que prend Marion Laine, les costumes et les décors nous plongent dans l’époque et le jeu émouvant de Sandrine Bonnaire nous force à apprécier cette servante à qui la chance a tourné le dos... Le casting savamment dirigé nous fait découvrir et redécouvrir des acteurs comme Marina Foïs