article soumis corruption et convention
Le cas de la corruption politique comme « mauvaise convention »
Philippe Batifoulier♣ et Bruno Ventelou♦
Résumé-Abstract
Notre lecture de la corruption politique s’inspire de la théorie des conventions. Elle propose une mise en application du programme de recherche conventionnaliste à l’analyse et la définition des politiques publiques. En quoi l’approche conventionaliste éclaire-t-elle les débats : i) sur les motivations de la corruption politique ; ii) sur les mesures de politiques publiques qu’il serait souhaitable de prendre pour faire face à ce dysfonctionnement ? Le résultat principal de notre étude est qu’au contraire d’une approche naturaliste où la corruption serait traitée comme une « pulsion naturelle » à combattre par un système de bonus malus (avec sanction pénale), la corruption politique apparaît, au filtre de la théorie des conventions, comme le produit endogène d’un défaut de coordination. Une adaptation du cadre institutionnel, plutôt qu'un renforcement des contrôles, semble s'imposer.
Introduction
Les conventions offrent des solutions efficaces et simples à des problèmes de coordination qui sont a priori complexes. Quand chacun sait comment l’autre va se comporter, le problème à multiples solutions se convertit en interrogation à dénouement unique et évident. La convention cristallise ce processus d’anticipations convergentes et produit donc de la coordination efficace. La notion « d’équilibre » de Nash, qui qualifie la convention en théorie des jeux, est un témoignage de cette efficacité coordinatrice. Cependant, comme la notion d’équilibre ne se confond pas avec celle d’optimalité, la coordination peut être sous-optimale.
On parlera alors de « défaut de coordination » pour qualifier une situation équilibre, mais sous-optimale au sens de Pareto. Le défaut de coordination reste donc de la coordination. Et une convention peut alors correspondre à un équilibre