Arts de la rue et ruralité
Comment une action culturelle et artistique peut être vecteur de lien social en milieu rural.
1. Introduction C’est dans une commune rurale de 4500 âmes que fut organisée en 1996 la première représentation d’un festival d’arts de rue. Initialement prévu pour étoffer une fête patronale à bout de souffle, il fut, par la suite, reconduit annuellement durant sept années. En effet, loin de s’imaginer que cet événement, de prime abord festif, serait reconnu, par la suite, pour son caractère indéniablement culturel, ses organisateurs ne se faisaient guère d’illusion quant son impact immédiat sur la population. En effet, sur ce territoire dépourvu de toute infrastructure adaptée, le développement de la pratique culturelle et artistique, n’avait pu se faire que de façon ponctuelle par le biais d’associations animées par des personnes bénévoles. Le dernier cinéma y avait fermé définitivement ses portes quelques dizaines d’années auparavant et aucune demande particulière émergée d’une population apparemment satisfaite ou, du moins, résignée. Un centre de loisirs très actif et novateur hébergeait des associations proposant des cours de dessin et un atelier théâtre pour les jeunes, tandis qu’une dynamique compagnie de théâtre amateur montait annuellement, de façon très professionnelle, une pièce du répertoire classique, réservé à un public éclairé. Bref, en terme de culture, en ce milieu rural, tout semblait indiquer qu’on s’y entendait plus dans celle de céréales que dans celle des spectacles vivants. Ignorant cet a-priori, la programmation de cette première édition fut préparée avec soin dans le but de capter le promeneur et de l’inviter à assister aux spectacles. Quelle fut donc la surprise des organisateurs quand, dès le premier spectacle, ils purent observer la présence d’un important public. Le soir même de ce premier festival d’arts de rue – 4 spectacles donnés par 4 compagnies professionnelles – un constat s’imposait : contrairement aux