Vingt ans plus tard, et du fait de la croissance économique quasi continue qu'ont connus ces pays, leur amarrage industriel et financier (selon le classique schéma du développement en "vol d'oies sauvages") au Japon, aux "4 Dragons" et l'émergence d'une partie conséquente d'entres eux en Nouveaux Pays Industrialisés (NPI), sans compter le rôle fédérateur joué par l'importante diaspora chinoise, les pays de l'ASEAN tendent à se rapprocher de leurs partenaires régionaux. Ainsi est d'abord fondé le projet d'ASEAN + 2 (Japon/Corée du Sud), puis avec l'émergence de la Chine comme superpuissance régionale Ŕ qui, d'ambivalente façon attire et effraye en même temps Ŕ le projet d'ASEAN+3 ASEAN/Chine/Japon/Corée)10. L'attraction de l'Asie sinisée, marquée par le confucianisme, semble aujourd'hui s'affirmer. Si l'indianisation a marqué le passé de l'ASE, il semble bien que la sinisation soit la marque du futur. En cela, l'Asie du Sud-Est forme, de nouveau Ŕ et
10 L'ASEAN + 3 trouve son origine en 1995 à partir d'une idée lancée par Singapour et prend ses origines dans la préparation de la première réunion du sommet de l'ASEM (Asia-Europe Meeting, Forum Asie-Europe visant à renforcer le dialogue et les coopérations entre l'UE et l'ASEAN). La première rencontre ASEAN + 3 a eu lieu informellement en 1997 lors du sommet de Singapour, puis lors de tous les sommets de l'ASEAN afin d'établir des positions communes en vue de l'ASEM. En mai 2000 à Chiang Mai, les pays membres s'accordent pour lutter contre une nouvelle crise financière (1997). En 2001, la Chine lance une initiative majeure destinée à établir une Zone de libre échange entre elle et l'ASEAN qui a déjà prévu sa propre création (en interne) de zone de libre échange dans le cadre de l'AFTA (ASEAN Free Trade Area). Un accord cadre est signé en 2002 en vue d'établir la zone en 2010 pour l'ASEAN à 6 pays et en 2015 pour l'ASEAN au complet. Des initiatives similaires ont été lancées en réponse par le Japon et la Corée.