Associer le roman à l'affabulation, au mensonge, à l'invention et à l'imagination
Flaubert, aux nombreux romans qu’elle a lus et qui n’étaient que mensonges. Il est cependant paradoxal que ce soit précisément un roman qui mette en scène une telle condamnation du genre. Si, comme le dit un philosophe contemporain, « on associe toujours le roman à l'affabulation, au mensonge, à l'invention et à l'imagination », il n’en demeure pas moins que certains romanciers ont tenté, comme Flaubert, de dire la réalité. Cette opposition nous conduit à nous demander si le roman est capable de restituer le réel. Si certains romanciers laissent délibérément le champ libre à l’imagination la plus folle et s’engagent dans une fiction peu crédible, il en est d’autres qui revendiquent au contraire de transcrire fidèlement le réel, ne ménageant pas leurs efforts pour cacher la fiction. Cependant, le roman est une oeuvre d’art : les moyens qu’utilise l’artiste ne peuvent donc que le conduire à interpréter la réalité, et non à la copier purement et simplement.
Les premiers romans que nous connaissons sont les récits, écrits en langue romane, qui se sont développés au Moyen Âge, à partir de 1150. Bien que rédigés en octosyllabes, ils racontent une histoire sous la forme d’un récit très construit, pris en charge par un narrateur qui ne se prive pas d’intervenir. Or, si l’on se réfère à ces origines du roman, force est de constater qu’il a partie liée avec l’affabulation : qu’il s’agisse du cadre spatio-temporel ou des épreuves qui structurent le récit, rien n’est réel, ni même vraisemblable. En effet, dans les romans de Chrétien de Troyes par exemple, le récit commence toujours par une réunion des chevaliers de la Table Ronde autour du roi Arthur, dans le royaume de Logres. Or ce roi et son royaume sont issus d’anciennes légendes celtes. De plus, comme il convient à un roi de légende, Arthur ne vieillit pas d’un roman à l’autre. Quant