La déesse Athéna dans Ajax de SOPHOCLE.

La présence d'un dieu est quasiment indissociable à la tragédie grecque : en effet, les canevas utilisés par les auteurs sont tous issus de la mythologie, et la référence aux dieux est loin d'être rare. Mais le rôle du dieu, puissance transcendante par excellence, diffère selon les cas. Il peut, selon le héro, être son adjuvant ou au contraire, son opposant. Il peut intervenir lui-même dans l'oeuvre, tout comme n'être cité qu'à travers la bouche des personnages, et plus particulièrement, celle des devins. La présence d'Athéna dans l'oeuvre de Sophocle, Ajax, est tout à la fois : elle est l'adjuvante d'Odysseus, mais l'opposante du personnage éponyme : Ajax. C'est elle qui protège Odysseus contre la folie meurtrière d'Ajax, mais c'est elle aussi qui accroit la honte et la rage de ce-dernier. Sa figure est ainsi profondément ambivalente, et dépasse en quelque sorte l'opposition opposant/adjuvant. Ici, elle joue en maître, et dirige le destin des héros : rien n'est laissé au hasard, tout est maîtrisé, calculé par la déesse de la stratégie et de l'intelligence pratique.
I) Mise en place du contexte
La pièce débute in media res : Ajax a déjà commis le massacre des troupeaux et Odysseus doit venir vérifier si un tel acte est perpétré. Athéna est la première à prendre la parole, et présente le personnage avec qui elle entame le dialogue. v1. "Toujours, fils de Laërte, je te vois attentif à prévenir les pièges de l'ennemi".
Plus encore, c'est le témoin privilégié de l'action honteuse d'Ajax, comme elle l'affirme quelques vers après : "Je le savais, Ulysse, et depuis longtemps je suis venue veiller sur ta route, pour favoriser ta chasse." L'oeil divin, ne l'oublions pas, est toujours omniscient.
C'est ainsi que par un jeu de questions-réponses, elle instruit le héro des exactions du fils de Télamon. Et par le jeu de la double-énonciation, le spectateur est aussi mis au courant de l'affaire. Il est intéressant de noter qu'il