auto 10
Le thème de la guerre ressort immédiatement avec le chiffre 14 (1914) sur le premier autoportrait. Les couleurs dominantes sont le rouge et le noir, couleurs de la mort, du sang, de la violence. Les coups de pinceaux comme les traits du personnage sont à la fois acérés (angles) grossiers, épais et symbolisent eux aussi la violence, la sauvagerie.
Sur la même feuille, Otto Dix (1891-1969) se peint deux fois. Ainsi commence l'une des plus importantes oeuvres qu'ait suscitées la Grande Guerre. Elle se place aussitôt - avant même que Dix ne fasse l'expérience du front - sous le signe de l'ambivalence, épopée et douleur. L'Autoportrait en soldat, éclairé par des rouges et la réserve blanche, célèbre la force, la violence poussée jusqu'à la sauvagerie. On en ferait volontiers la quintessence de l'image guerrière, qui proclame la nécessité de la lutte et l'ivresse de la destruction, sans remords ni regrets. Au dos, l'Autoportrait en artilleur oppose à cette interprétation trop simple l'omniprésence du noir, l'ombre autour de la tête casquée, le regard inquiet et le contraste dur des parements dorés, symboles martiaux sur fond de nuit ou de mort. Si jeune soit-il, si attiré par la guerre - comme par l'expérience de l'inconnu - Dix n'en soupçonne pas moins l'horreur, dont il dessinera et gravera plus tard l'abominable chronique quotidienne. Cette ambiguïté se retrouve dans son Autoportrait en Mars (1915).
« Le fait est que, étant jeune, on