automne malade
I/ Des thèmes traditionnels 1/ L'automne, un thème lyrique Le thème de l'automne, de l'agonie de la nature n'est pas nouveau : il a été exploité par de nombreux poètes lyriques avant Apollinaire.
Aussi est-ce tout naturellement qu'il s'y attache, lui qui a aimé Ronsard et qui doit tant à Verlaine.
L'imminence de la mort, suggérée dès le début par les vers 1 et 2 : « Automne malade...Tu mourras », est plus bouleversante, plus pathétique que la mort elle-même.
C'est aux yeux du poète un moment privilégié pour l'âme désenchantée qui se complaît à envisager la mort qui vient : « Automne malade et adoré ».
Le parfum des fruits trop mûrs rappelle encore les richesses de cette saison d'abondance en même temps qu'il annonce la pourriture irréversible ; « les éperviers planent » guettant leurs victimes pas encore offertes.
Les animaux ont déjà pressenti l'angoisse de l'hiver. Le poète s'arrête sur une scène classique, banal en automne : « Les cerfs ont bramé ». Le passé composé souligne le caractère révolu de leur chant d'amour rauque. Les assonances en [è] et [é] (« Aux lisières lointaines / Les cerfs ont bramé ») joue le rôle d'une harmonie imitative suggérant cette longue plainte des cerfs. Ces deux vers, correspondant à la 3ème strophe très brève du poème, constituent une sorte de ponctuation du poème.
Toute la nature est en attente, attente triste d'un destin inéluctable : « Le vent et les forêts...pleurent... ». Le poète reprend tous les thèmes des strophes précédentes et suggère une sorte d'harmonie dans la douleur qui séduit le poète. 2/ L'attente du poète Cette attente est aussi celle du poète.
L'étroite harmonie qui s'établit entre la saison en pleurs et son propre état d'âme, suggérée depuis le début du poème, devient évidente dans la dernière strophe.
Le « Et » qui ouvre le vers 14 montre que le poète ne peut s'empêcher d'avouer ouvertement et passionnément son amour pour l'automne : « Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs