La somme de tout ce que les romantiques ont réalisé, en France et en Europe, tant sur le plan littéraire que sur le plan politique, peut être résumée en un mot : liberté. Le romantisme est en effet l'emblème de cette jeunesse née au début du siècle et frustrée des espoirs suscités par la grande épopée révolutionnaire et napoléonienne. Aussi, ce mouvement européen, au départ anti-français et anti-révolutionnaire, vire-t-il, en France, du monarchisme des débuts, au combat violent pour la liberté. Liberté politique, d'abord : même conservateurs (comme Chateaubriand), les romantiques animent la lutte contre la censure et participent à la victoire des Trois Glorieuses contre le régime de Charles X. Liberté morale, ensuite : ils tirent un pied de nez à l'ordre bourgeois. Liberté artistique, enfin : Hugo « tord le cou à ce grand niais d'alexandrin » et crée le drame romantique, cependant que Musset (au théâtre), Lamartine (en poésie), Chopin (en musique) font entendre leur voix singulière.
Pour cette génération et pour celles qui suivent, le romantisme incarne donc ces valeurs de révolte individuelle et de passion pour la liberté, proclamées par Hugo dans la préface de Hernani : « Jeunes gens, ayons bon courage ! Si dur qu'on veuille nous faire le présent, l'avenir sera beau. »
5. Quelles sont les formes littéraires privilégiées du romantisme ?
Sur le plan littéraire, les romantiques ont pratiqué toutes les formes d'expression, mais en les adaptant à leurs aspirations. La poésie de Hugo bouscule l'alexandrin et se permet des césures inouïes ; au théâtre, le drame (Hernani, Ruy Blas) donne lieu à de véritables batailles entre partisans et adversaires du romantisme.
S'il fallait, en dernière analyse, dégager deux genres majeurs dans lesquels le romantisme a triomphé, ce serait sans doute la poésie lyrique (Lamartine, Musset) et le drame (Hugo).
Victor Hugo (1802-1885) est peut-être l'auteur qui concentre à lui seul le plus de traits du romantisme. Chaque étape de sa