Ballade de celui qui chanta dans les supplices, de Louis Aragon, est donc une ballade (forme fixe médiévale). Aragon souhaitait redonner un souffle nouveau à ces formes. Une ballade est un poème lyrique constitué généralement de trois strophes identiques (souvent de 8 ou 10 vers avec des rimes réparties selon la structure ABABBCBC ou ABABCDCD) se terminant par un refrain, et d’une demie-strophe appelée l’envoi, qui reprend les dernières rimes et le refrain. Les contraintes formelles, qui exigent du poète une grande virtuosité, servent à crée un certain nombre d’effets. Ainsi, les rimes disposées selon un ordre prédéterminé confèrent au poème une unité sonore et peuvent aussi tisser des liens entre les mots qu’elles rapprochent. En outre, le refrain n’est pas là seulement pour équilibrer le poème, mais surtout pour en marquer l’idée ou le thème, pour suggérer aussi parfois l’insistance d’une souffrance (puisque le poète évoque souvent son malheur personnel). Ici Aragon renouvelle le genre en supprimant l’envoi et en créant un refrain qui accompagne certes le texte mais marque aussi une évolution par les changements qui y interviennent.
Ballade de celui qui chanta dans les supplicesEt s'il était à refaire
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemainsOn dit que dans sa cellule
Deux hommes cette nuit-là
Lui murmuraient "Capitule
De cette vie es-tu lasTu peux vivre tu peux vivre
Tu peux vivre comme nous
Dis le mot qui te délivre
Et tu peux vivre à genoux"Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle pour les lendemainsRien qu'un mot la porte cède
S'ouvre et tu sors Rien qu'un mot
Le bourreau se dépossède
Sésame Finis tes mauxRien qu'un mot rien qu'un mensonge
Pour transformer ton destin
Songe songe songe songe
A la douceur des matinsEt si c'était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle aux hommes de demainJ'ai tout dit ce qu'on peut dire
L'exemple du Roi Henri
Un