Baudelaire Ideal
Comme tous les sonnets, il est construit sur l’opposition classique entre les quatrains et les tercets. Les deux quatrains expriment la critique par Baudelaire de l’esthétique contemporaine, tandis que les deux tercets font l’éloge d’une beauté plus classique. Cependant, pour lui, ces deux affirmations n’étaient pas contradictoires, mais définissaient un véritable paradoxe qui est au cœur de son oeuvre. Dans le premier quatrain, Baudelaire critique l’esthétique contemporaine, celle de ce «siècle vaurien» (on remarque l’usage de «vaurien» comme adjectif), en usant d’un champ lexical dépréciatif («ces», qui est répété, marquant l’éloignement, le rejet) pour en repousser diverses manifestations :
- les «beautés de vignettes», celles, vulgaires, superficielles, des illustrations publicitaires de l’époque, qui ne sont que des «produits avariés», c’est-à-dire «altérés», «corrompus», «faisandés», «pourris» ; - les «pieds à brodequins», les «doigts à castagnettes», qui sont les accessoires, permettant d’appuyer les effets auxquels se plaisaient (et se plaisent encore) les flamboyantes danseuses espagnoles, qui étaient en vogue à l’époque chez les romantiques ou chez Mérimée.
C’est avec orgueil qu’il se juge un être d’exception à travers la métonymie du «cœur».
Dans cette strophe, qui forme une seule phrase, le jeu des rimes est significatif : «vignettes» trouvant un écho dans «castagnettes», tandis qu’au contraire «vaurien» s’oppose à «mien».
Dans le second quatrain, Baudelaire rejette, au contraire, avec le mépris que marque «Je laisse», «les beautés d’hôpital», pâles («pâles roses»), maladives, qui sont des femmes atteintes de «chlorose», c’est-à-dire : décoloration de l'épiderme qui vire au