Pour créer l’atmosphère terrifiante spécifique au récit fantastique, Charles Baudelaire se sert du motif du vampire. Â l’avis de Louis Vax, ce motif est une « pure création culturelle destinée à exprimer, justifier et approfondir une certaine horreur collective »5 Le vampire trouve sa détermination dans le folklore et constitue une « machine à faire peur » que l’imagination de l’homme se donne. Dans notre cas, il est à la fois être fantomatique et femme perverse. Nous sommes inclinée à voir en lui une tératologie du diable dans son caractère protéiforme. « Grand maître de l’illusion, celui-ci prend tous les aspects ; le polymorphisme de l’espace se transforme en métamorphose temporelle. »6 Le diable peut être tour à tour n’importe qui ou n’importe quoi, même un vampire. On pourrait dire que le vampirisme est lié à l’instinct, à l’animalité, qu’il remonte à la forme diabolique originelle. La femme perverse des Métamorphoses se tord « ainsi qu’un serpent sur la braise » et parle tout comme le serpent qui a tenté Ève dans le Paradis Terrestre sous l’Arbre de la Connaissance : « Je sais la science ». Ève, il este vrai, veut seulement connaître, mais le savoir devient mauvais par essence, il implique, en égale mesure, le Bien et le Mal, ce qui corrobore sur les origines rationnelles du fantastique. Le pêché n’est ni affaiblissement de l’intelligence, ni un instinct du corps, mais une maladie de la volonté et nous disons avec Albert Thibaudet que
Baudelaire a été le seul poète du XIXe siècle à en avoir eu la conscience et à l’avoir exprimé dans sa création7. La femme « à bouche de fraise » des Métamorphoses veut aider à « perdre au fond du lit l’antique conscience ». Mais de cette femme fatale elle devient une « outre aux flancs gluants toute pleine de pus » rappelant l’histoire fantastique du Diable chiffonnier où Victor Hugo raconte que, conformément à la tradition populaire, le diable emportait les âmes des pêcheurs dans une hotte et que, voyant