Beaumarchais
C'est donc un homme libre qui incarne le rôle du valet de comédie. Liberté qui induit une rupture épistémologique dans la tradition du valet de comédie : le valet de comédie, personnage fictif, s'est ici totalement libéré de la référence à la société, mais aussi, partiellement, de la tradition dramaturgique.
La liberté de Figaro
Du point de vue "social".
La bigarrure des "états" exercés par Figaro, son absence de filiation (il ne connaît ni son père ni sa mère) inaugurent la fiction d'un personnage détaché de son époque, voire de tout milieu. Dans l'Ancien Régime, où le lignage, l'héritage, la naissance, constituent une identité, il n'est que PRESENT, et de quelle présence ! Cet aspect est peut-être plus pertinent pour porter la critique sociale que le décentrage géographique, celui de la fiction de l'Espagne (ou celui des Lettres Persanes, voire de Candide). L'absence d'attaches de Figaro, sociales ou familiales, fait de lui un personnage qui, s'il ne peut représenter aucune catégorie sociale existante, pose déjà la question de l'universalité de l'homme (qui fondera les idées de la Révolution Française). Homme de nulle part, Figaro n'est qu'homme, mais pleinement.
L'on peut certes nuancer en remarquant que Figaro ne peut appartenir ni à l'aristocratie ni au clergé. Faut-il pour autant le considérer comme un représentant du "tiers état" ? La réponse est positive dans la mesure où, sans statut hérité, il doit gagner sa subsistance par lui-même, par l'exercice de ses talents uniquement, et de façon subalterne (au service de plus fortunés et puissants). Mais il n'est pas un bourgeois car il ne possède rien (liberté supplémentaire), à la différence de Bartholo.
Du point de vue dramaturgique (théâtral)
Au plan de l'intrigue. Si Figaro mène l'intrigue, elle n'a pour lui qu'un modeste enjeu. La conquête de Rosine est en effet l'enjeu apparent de la comédie, or Figaro