Berger luckman
A. Alfred Schütz et la « sociologie phénoménologique »
1. Le monde de la nature, tel qu’il est exploré par le chercheur en sciences naturelles, ne « signifie » quoi que ce soit pour les molécules, les atomes et les électrons. Mais le champ d’observation du chercheur en sciences sociales – la réalité sociale – a une signification spécifique et une structure pertinente pour les êtres humains vivant, agissant et pensant à l’intérieur de lui. Par une série de constructions du sens commun, ils ont présélectionné et préinterprété ce monde qu’ils expérimentent comme la réalité de leur vie quotidienne. Ce sont leurs propres objets de pensée qui déterminent leur comportement en le motivant. Les objets de pensée construits par le chercheur en sciences sociales afin de saisir la réalité sociale, doivent être fondés sur des objets de pensée construits par le sens commun des hommes vivant quotidiennement dans le monde social. De la sorte, les constructions des sciences sociales sont, pour ainsi dire, des constructions du second degré, c’est-à-dire des constructions de constructions faites par les acteurs sur la scène sociale, dont le chercheur doit observer le comportement et l’expliquer selon les règles procédurales de sa science. Dès lors, l’exploration des principes généraux selon lesquels l’homme organise ses expériences dans son quotidien, et tout particulièrement celles du monde social, est la première tâche de la méthodologie des sciences sociales. (Le chercheur et le quotidien, Paris, Méridiens-Klincksieck, 1987, p. 79)
2. (a) Nous pouvons dire que le motif d’un meurtrier était d’obtenir l’argent de sa victime. Dans ce cas « motif » signifie la situation, la finalité qu’on veut obtenir par l’action entreprise. Nous appellerons cette sorte de motif le « motif-en-vue-de ». Du point de vue de l’acteur, cette catégorie de motifs se réfère à son futur. La situation qu’engendrera