Bernard venet
En 1961 il a fait sa première peinture au goudron. Intéressé par ses propriétés originales et, surtout, sa densité, il utilise le goudron tout en respectant sa nature et son autonomie. Il travaille le goudron par les effets de sa gravité, son poids.
Chez lui on rejoint une recherche d’atténuation et même de annulation d’une relation historiquement hiérarchique établie entre l’artiste et le matériau, le matériau est tenu d’égal à égal, il joue un rôle essentiel dans la création où l’artiste n’impose pas sa volonté et laisse le matériau le conduire dans son processus créatif. Ce rapport avec le matériau évolue à la mesure que son travail évolue. Initialement Bernar Venet transite entre les coulées et les peintures gestuelles. En ce lieu, son rapport avec le goudron gagne une tonalité de confrontation. Le goudron résiste. Par les propres caractéristiques du matériau, il ne se laisse pas manipuler. L’artiste doit se mettre à son échelle, il doit s’adapter au matériau. Ce jeu de force crée une relation d’impossibilité entre artiste et matériau, entre sujet et sujet. C’est dans la relation dynamique entre ses deux sujets qu’on voit naître nouvelles voies de création.
Du gestuel et spontané, Venet passe à des procédures plus volontaires, mais toujours éloignées de gestes habituels d’un peintre. La non utilisation du pinceau, l’abandon de la touche et la non altération de la matière nous renvoie à sa volonté de respecter la spécificité de ce matériau, qui, comme lui, était soumis à des lois universelles.
Le choix du goudron comme matériau élu, implique au même temps un choix d’une gamme chromatique restrictive et