Brice de nice
Voilà Brice, j’ai raconté à présent l’essentiel, de lui et de son histoire. Une histoire ? Il n’y a pas d’histoire, rien de plus riche ni de plus définitif n’ arrive que ce redoublement sonore sur son nom : Brice, de Nice ( ou Braïce, de Naïce ): ce vide, pourtant, fait le charme du film, le plein du récit. A l’encontre de ce qui arrive souvent dans les films, on ne s’ y ennuie pas avec des discussions sur le devenir de la société, le sort du monde, les états d’âme du couple pris dans le malaise existentiel, la crise d’adolescence ( le tournant de la quarantaine, de la cinquantaine, l’angoisse de la mort). On n’y est pas non plus distrait (diverti, détourné) par des histoires invraisemblablement vraisemblables, des aventures de guerre, la conquête du monde, de l’espace, le casse du siècle. Le seul casse auquel on ait affaire, c’est celui de Brice, « la casse de Braïce » : car les choses arrivent à Braïce sous forme de mots, des phrases prononcées par d’autres, autour de lui, et qu’il dégonfle en les perçant de coups d’épingles comme il crèverait de verbales bulles de savon : « cassé ». L’autre est cassé, mais l’autre c’est personne, et Braïce, Brice, aussi c’est personne. « Bonjour, je m’appelle Brice, je suis de Nice. Je suis surfer, je suis winner. Mais sur d’autres surfaces je suis le roi d’la casse. La casse de Braïce, la casse de Braïce, la casse de Braïce… »
Brice surfe, comme il est : sans être, en glissant sur la surface des mots, effleurant une apparence des choses. Il surfe, il ne surfe pas, il n’y a pas de vagues réelles, à Nice (qui n’est d’ailleurs pas « Nice » mais seulement la rime de « Brice ») : « à chacun sa mer » (comme on dit : chacun sa route,