Brise marine
I.] Le mal de vivre
a) Un constat désabusé
citation : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres » : la culture a épuisé ses ressources et n’a pas apporté de réponses (aspect de l’accompli du passé composé) > l’amour satisfait est amer.
Le mal de vivre à un niveau métaphysique :
« Un Ennui, désolé par les cruels espoirs ».
« Ennui » = appel du vide
« cruels espoirs » = oxymore qui traduit l’espoir renaissant et toujours déçu.
b) Le refus des liens
- La famille :
« Ni la jeune femme allaitant son enfant » : la crise de la naissance de l’enfant s’accompagne chez le poète d’un sentiment d’exclusion. > la famille d’aval
« les vieux jardins reflétés par les yeux » : les racines familiales, le passé, la civilisation. > la famille d’amont.
- le travail solitaire du poète :
« ni la clarté déserte de ma lampe » : angoisse de la page blanche, le poète est inhibé par le vide de cette page.
« O nuits ! » : la douleur dans l’invocation ; le pluriel mesure le temps écoulé stérilement dans l’élaboration poétique.
Cet appel au large est avant tout un besoin de rupture d’où l’indéfinition de la destination, la ligne brisée de l’élan et la suggestion d’un retour au projet poétique.
II.] Quel « Ailleurs » ?
a) Le caractère impérieux de cet appel
« Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres » (vers 2)
Le caractère impérieux de cet appel est traduit par les points d’exclamation, le rythme lentement marqué par les coups et l’irrégularité des mesures. Le rythme croissant montre l’emportement du poète.
« Je partirai! » (vers 9) : le futur exprime le passage à l’acte via la certitude, la conviction.
b) Indignation de « l’ailleurs »
« Fuir! » (vers 2) : l’accent est mis sur le lieu que l’on quitte et non sur la destination.
Les éléments retenus sont frappés eux-aussi d’une dématérialisation. Au vers 2, les oiseaux sont ivres mais d’une ivresse immatérielle (celle de l’écume, poussière d’eau, eau