Bunuel
1. L’anarchisme
L’anarchisme, comme le communisme, est une utopie politique, c’est-à-dire une représentation d’un monde idéal qui permettrait aux hommes d’être heureux mais qui reste irréalisable.
Sa caractéristique principale est de garantir la liberté individuelle en rejetant toute forme de domination, c’est-à-dire toute contrainte extérieure à l’homme. Tout type d’autorité étant rejeté, le mouvement anarchiste appelle donc inéluctablement à la révolution, de manière à détruire d’une part les gouvernements centraux (dont la domination sur les libertés individuelles est très forte) et d’autre part la société conservatrice qui est celle du début du siècle.
Cette ambition politique de libérer l’homme est éminemment proche de celle du dadaïsme et du surréalisme, mouvements artistiques qui cherchent également à libérer l’homme de tous les carcans hérités de la société bourgeoise et de la logique rationaliste qui entravent sa liberté.
Le mouvement anarchiste a rencontré un succès populaire certain au début du siècle dans différentes régions d’Europe, et notamment en Espagne, pays d’origine du cinéaste que nous allons aborder. C’est pour cela que j’ai commencé la séquence par cette question politique : Buuel, le réalisateur des deux films que nous allons voir, était en effet anarchiste. Or, pour bien comprendre son œuvre, il est très important d’avoir en tête son appartenance politique, qui était celles de nombreux Espagnols de l’époque, en la remettant dans le contexte politique de l’Espagne au début du siècle.
En effet, au début du siècle la situation politique en Espagne est très instable. Durant les années 10, le gouvernement espagnol connaît les pires difficultés et a du mal à contenir son peuple de plus en plus mécontent. En 1923, un militaire haut gradé, Primo de Rivera, se rebelle contre le gouvernement de Madrid, qu’il trouve trop laxiste, et impose une dictature militaire sans rencontrer de résistance de la part