Castel retraite
La controverse sur la réforme des régimes de retraite ne manque pas de vigueur, mais elle s'est surtout cristallisée sur la question de maintenir ou de prolonger l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans. En un sens, il s'agit bien d'un enjeu essentiel, et la détermination des syndicats de salariés et des partis de gauche à s'opposer à cet allongement est, dans l'état actuel des choses, tout à fait justifiée.
Cette mesure va creuser les inégalités entre les différentes catégories de retraités en faisant travailler davantage les parcours professionnels les plus défavorisés pour des pensions médiocres. La gauche, si elle arrive au pouvoir en 2012, se propose de revenir sur cette mesure que l'actuelle majorité va imposer, sauf "sursaut populaire" comme on dit.
Il faudrait qu'elle s'y prépare avec des propositions pour une véritable réforme qui ne consisterait pas en un retour à un âge homogène de départ à la retraite. En fait, il est nécessaire aujourd'hui de repenser complètement cet âge légal de départ.
Cœur de mon argumentation : donner tout son poids à l'extraordinaire diversification-complexification du travail et du salariat qui s'est produite depuis l'instauration du droit à la retraite. C'est une donnée massive, aussi importante que l'allongement de l'espérance de vie que l'on ressasse aujourd'hui sur tous les tons.
Au début du XXe siècle (loi sur les retraites ouvrières et paysannes de 1910), mais encore lorsque notre régime actuel de retraite est instauré en 1945, le salariat est majoritairement le salariat ouvrier exercé sous la forme d'un métier manuel de transformation de la matière
Cette situation a radicalement changé. Les ouvriers agricoles qui représentent encore à la veille de la seconde guerre mondiale le quart de la population ouvrière ont pratiquement disparu. Le salariat ouvrier est devenu majoritairement un salariat de services plutôt qu'un travail d'exécution. Le nombre des