Celestin freinet
Méthode naturelle
La Méthode naturelle de Freinet
Nicolas Go, Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM
Dans un monde qui naît de lui, l’homme peut tout devenir. José Bousquet, Le Temps et les hommes 1.
Introduction Je ne veux pas faire ici œuvre d’historien, en montrant comment se sont progressivement élaborées la pratique et la théorie de la Méthode naturelle. Je voudrais plutôt, proposer une analyse de la Méthode naturelle, pour tenter d’approcher ce qu’elle est. La justification est double : d’abord, pour rendre hommage à Paul Le Bohec, récemment décédé, qui est le seul à avoir élaboré, après Freinet, une œuvre écrite sur ce sujet, et qui a inlassablement travaillé à approfondir et à généraliser sa pratique. Ensuite, parce que mes observations çà et là m’ont apporté la conviction que l’École Moderne risquait de progressivement perdre ses fondements, j’entends une compréhension fine et une pratique vivante de l’Éducation du travail et de la Méthode naturelle. La première question qui se pose est la suivante : pourquoi la Méthode naturelle ? La réponse est simple : parce qu’elle constitue l’entreprise fondamentale de la pédagogie Freinet. Elle enveloppe, comme catégorie générale, l’ensemble des découvertes de l’École Moderne : elle donne un milieu aux processus sensibles de tâtonnement expéri-
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mental dont Freinet a analysé la « loi universelle » dans son Essai de psychologie sensible, elle organise la rencontre des processus individuels dans le contexte social et politique de la coopération, elle concrétise les principes philosophiques d’une éducation à la sagesse, que Freinet a présentée dans son œuvre majeure, L’Éducation du travail. Je disais que l’École Moderne risquait de perdre ses fondements, ce qui arrivera si elle oublie la place centrale de la Méthode naturelle ; de fait, les pratiques qui en découlent ont parfois tendance à s’atténuer, ou à s’exténuer : elles s’affaiblissent, deviennent moins vives, moins