Un Z qui veut dire Zig-Zag ! La chaise emblématique de Gerrit Thomas Rietveld intrigue toujours autant.
Elle semble fragile, fébrile même, comme si on avait collé ensemble des petits beurres. Et pourtant, le designer la voulait fonctionnelle.

Fils d'un menuisier d'art, Rietveld participe au lancement du mouvement De Stijl, qui prône la forme pure.
Il crée en 1934 l'expression directe de ce mouvement au travers d'une chaise surprenante : la Zig-Zag. Le nom peu commun
(mais connu de tous) tire ses origines de l'onomatopée allemande zickzack, du mot zacke, « pointu ». On ne pouvait choisir mieux pour cet hommage aux angles aigus.

Bien que simpliste, la chaise au nom zozotant se veut stable. Le porte à faux impressionnant inquiète à première vue ; les queues d'aronde entre l'assise et le dossier rassurent, ainsi que les pièces de renforcement dans les angles. C'est vrai que la Zig-Zag ressemble beaucoup à un assemblage de carton. Rietveld désirait créer une forme qui ne modifie pas l'espace mais l'intègre dans une continuité.

Il l'édite pour la première fois en 1934, avec la ferme intention de lancer la première production industrielle de meubles. Le Musée des Beaux-Arts de Montréal, où la chaise est exposée, stipule d'ailleurs : « Même si elle est réalisée à la main, elle préfigure les futurs moulages en une seule pièce de la production industrielle ». Fabriquée d'abord en frêne, puis en cerisier naturel depuis 1973 par l'éditeur de mobilier design Cassina, la Zig-Zag devient le rêve réalisé du designer néerlandais.

Mais si sa forme amusante s'intègre à toutes les décorations intérieures, le confort n'est pas de mise. On l'agrémentera volontiers d'un petit coussin, voire d'un plaid pour le dossier. Verner Panton, dans son génie, s'inspire de la chaise-petits-beurres pour créer la Panton Chair, aujourd'hui l'une des chaises les plus confortables. C'est ce qui s'appelle arrondir les