Chantiers interdits au public
Nicolas Jounin, chantiers interdits au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment, éditions la découverte, 2008.
N. Jounin est maître de conférence en sociologie à l’université Paris VIII et chercheur au laboratoire URMIS. Il a notamment écrit Chantiers interdits au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment (2008), résultat d'une enquête de terrain de trois ans, entre Septembre 2001 et 2004. Dans le cadre de cette observation participante, dans la continuité de l'école de Chicago, il a passé 12 mois sur les chantiers, à Paris, dont 3 dans le cadre d'une formation de ferrailleur et coffreur dans le bâtiment, et le reste en tant qu'intérimaire.
C'est dans ce contexte qu'il a pu observer les rapports sociaux spécifiques aux chantiers du bâtiment qui construisent précarité, domination, et catégorisation abusives. N. Jounin a en effet pour but dans ce travail de comprendre les façons de gérer la main d’œuvre du bâtiment, des gestions faites de soumission, domination, crainte, mais aussi d'arrangements informels, de paternalisme, de loyautés.
C'est ainsi que nous pouvons nous demander en quoi l'observation participante de l'auteur lui a permis de mieux visualiser toutes les interactions, formelles et informelles, qui conduisent à la soumission de la main d’œuvre
Nous verrons dans une première partie que l'auteur observe une organisation de la précarité dans le but d'une marchandisation de la main d’œuvre. Mais cette précarité a des risques et engendre donc des mécanismes de protection des individus.
N. Jounin a tout d'abord pu observer la précarité organisée par les rapports sociaux sur les chantiers, une précarité qui occasionne des hiérarchies plus ou moins formelles. Il a en effet été présent pendant 12 mois sur les chantiers, prenant des notes le plus régulièrement possible, et en faisant attention de noter même ce qui apparaissait le plus insignifiant, et qui pouvait se révéler important plus tard. Cependant