chapitre Tale es cohésion sociale
Introduction
La décadence des moeurs et des institutions est un thème récurrent dans le discours de « l'homme de la rue » comme dans celui de l'homme politique. La perte de repères, d'idéaux, bref de valeurs en serait les principaux responsables. Un certain nombre de sociologues a accrédité cette thèse d'affaiblissement du lien social depuis la Révolution Industrielle, dont notamment Durkheim. Pourtant, cette vision pessimiste des choses n'est pas entièrement corroborée par les faits, en particulier parce qu'ont émergé entre-temps d'autres sources de cohésion sociale. Quelle est la nature de ce délitement de la cohésion sociale et comment l'a-t-on expliqué ? Les institutions générant le lien social sont-elles réellement remises en question ? N'assisterait-on pas plutôt à l'émergence de nouveaux modes de régulation sociale ? Nous verrons que, si les analyses statistiques et sociologiques convergent pour constater un affaiblissement de la cohésion sociale depuis la Révolution Industrielle, celui-ci doit être relativisé et ne doit pas masquer l'émergence de nouvelles formes de régulation sociale.
I) UN DÉCLIN RÉGULIER DE LA COHÉSION SOCIALE DEPUIS LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
A) LES MUTATIONS SOCIALES DE L'APRÈS RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
1) l'analyse de Durkheim
Dans « La division du travail social » (1893), il voit dans le passage de la société traditionnelle à la société industrielle un facteur d'affaiblissement du lien social voire de sa rupture. Comment l’explique-t-il ?
a) La société traditionnelle est caractérisée par une solidarité entre les individus de type mécanique : elle est générée par le fonctionnement traditionnel de la société (comparé à une chose avec ses molécules). Chaque individu est semblable à son voisin par son travail, ses croyances, ses actes. Les membres de cette société ont en quelque sorte le même statut : ils sont soudés par une forte conscience collective (c'est-à-dire le fait d'avoir les