Charleroi verlain
Introduction Le poème Charleroi intervient dans un recueil publié par Verlaine en 1874, et qui est inspiré autant par la vie privée de l’auteur que par son goût du rêve : Romances sans paroles a suivi la cassure de la vie de Verlaine, c’est-à-dire la rupture avec son épouse Mathilde, et l’on y sent la souffrance du poète, à côté de l’influence de Rimbaud. La partie intitulée Paysages belges, par contre, est essentiellement consacrée à l’évocation d’un pays que Verlaine eut l’occasion de visiter lors de son échappée de 1872 avec son jeune compagnon. Charleroi, en particulier, traduit les impressions d’un voyageur placé dans un train lancé à grande vitesse, passant sans s’arrêter, de nuit, dans une ville aux banlieues fantastiques. Même si l’on retrouve dans ce texte le mot « fétiche » de Verlaine, le verbe « pleurer », le ton et les sonorités employées ne peuvent être rapprochés des poèmes en demi-teintes dont le poète s’est fait le chantre. Charleroi est composé de vers rudes et âpres, qui traduisent les sentiments de Verlaine vis-à-vis d’un monde nouveau qu’il découvre, celui du monde ouvrier et des hauts fourneaux. Il convient donc de se demander en quoi ce texte annonce la poésie de la modernité de Verhaeren et d’Apollinaire, à travers une traduction presque « audiovisuelle » de la vitesse du train et de la brutalité de l’industrie, tout en conservant une forte connotation fantastique liée à la nuit.
Mouvement du poème Ce poème, formé de sept strophes de vers de quatre syllabes (tétrasyllabes), dégage une singulière impression de rapidité : il est donc dangereux de vouloir le couper à toute force, au risque d’en briser le rythme. Remarquons simplement que la strophe un est identique à le dernière strophe, ce qui crée une sorte de refrain, tout en indiquant que le train, d’abord dans la campagne, et après avoir traversé Charleroi à toute vitesse, fonce à nouveau dans la nature. Par ailleurs, la strophe deux et la