Chine-soudan
Ronan Morin-Allory 1
La fin de l’autosuffisance énergétique nationale va confronter la Chine à plusieurs problèmes : l’instabilité politique du Moyen-Orient, l’ascendant américain exercé sur la zone, l’absence de contrôle sur les voies de transport maritime du pétrole, les risques économiques et sociaux nationaux en cas de crise des approvisionnements 2… Toutes ces questions orienteront les choix politiques opérés par les dirigeants chinois au cours des quinze prochaines années dans le secteur énergétique. Initiée dès la fin des années 1980, la création des Compagnies Pétrolières Nationales (CPN), puissantes et capables de rivaliser avec les majors occidentales sur les marchés ouverts à la concurrence, devient une priorité gouvernementale. De fait, une CPN possédant des actifs à l’étranger, à plus forte raison s’il s’agit d’une entreprise d’État, accroît la sécurité des approvisionnements du pays d’origine, quand bien même elle doit se plier aux règles du marché en vigueur. Ce qui peut s’avérer utile, par exemple en cas d’embargo. La formation des CPN chinoises s’est effectuée en plusieurs étapes, suivant le mouvement de libéralisation initié par le Parti communiste chinois (PCC) à partir des années 1980. L’administration qui s’occupe des affaires pétrolières est organisée, à partir de 1983, en fonction du secteur d’activité et de la répartition géographique des gisements. Peu à peu la bureaucratie va se répartir autour de trois grandes CPN : la China National Petroleum Corporation (CNPC), la China Petroleum and Chemical Corporation (Sinopec) et la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) qui sont elles-mêmes à la tête d’un ensemble complexe de filiales et d’agences. L’émancipation de ces CPN, au profit d’une décentralisation effectuée au tournant des années 1980 et 1990, est toute relative et va surtout produire une grande confusion 3. La CNPC et Sinopec étant devenues
1. Doctorant à l’université de