Chronique littéraire : le loup des steppes, hesse hesse
Un peu de folie par Bernadette Carrier
Lorsque Hermann Hesse, auteur d'origine allemande, publie Le Loup des steppes en 1927, il a déjà 50 ans. Lorsque je l’ai lu, au cégep, j’en avais 17. Sa vie était déjà marquée par le voyage, par l'errance, par le doute et par de nombreuses découvertes marquantes. Quant à la mienne, il me semblait qu'elle ne faisait que débuter. Dans ce roman initiatique, le personnage de Harry Haller erre dans …afficher plus de contenu…
On devait lire Le Loup des steppes, ce livre dont le titre ne m’attirait pas particulièrement. J’en repoussais d’ailleurs la lecture, pensant que ce serait ennuyeux… Je ne savais pas que j’allais me sentir aussi interpelée par ce récit. Moi qui avais justement une vie plus près de la vie rangée devant laquelle le personnage du loup des steppes rageait tant, voilà que j’ai senti la platitude et l’ennui d’une vie aussi prévisible. La lecture de ce livre m’a donné envie d’errer et de faire dévier les chemins tracés d’avance, comme le personnage principal l’exprime : «C’est une bien belle chose que ce contentement, que cette absence de douleur, que ces jours supportables et assoupis, où ni la souffrance ni …afficher plus de contenu…
Le hasard a fait que peu après cette lecture, j’ai été amenée à visionner le film
Zorba le grec du réalisateur Michael Cacoyannis. Ce film confirmait chez moi le sentiment que la vie était bien plus grande qu’elle ne paraissait, et que l’être humain possédait une force au-delà de ce qu’il pouvait croire. Le personnage de Zorba, à la fin du film, dit cette phrase merveilleuse : « L’homme doit avoir un brin de folie, ou alors il n'ose jamais couper la corde et être libre. » Le message de Hesse correspondait parfaitement à cette leçon de vie.
En conclusion, je comprends qu'on puisse choisir de vivre tranquillement sans trop se poser de questions, mais la lecture de Hesse m’a donné envie de connaître autre chose. À 17 ans, je ne pouvais pas accepter que ma vie d'adulte qui