Ciblage de l'inflation
Scott Roger
L y a 20 ans, la Nouvelle-Zélande adopta une conception de la politique monétaire axée sur la réalisation d’un objectif d’inflation. La nouveauté résidait dans l’engagement explicite de considérer la maîtrise de l’inflation comme le but principal de la politique monétaire et dans l’accent qui était mis sur la transparence et la responsabilité. Aujourd’hui, 26 pays ont une cible d’inflation, dont près de la moitié sont des économies émergentes ou à bas revenu (voir tableau). En outre, un certain nombre de banques centrales des pays les plus avancés — dont la BCE, la Réserve fédérale, la Banque du Japon et la Banque nationale suisse — ont intégré beaucoup des aspects essentiels du ciblage de l’inflation, et plusieurs autres se préparent à le faire. Cet article présente les résultats obtenus depuis 20 ans par les pays ciblant l’inflation, notamment pendant la flambée des cours des matières premières de 2006–08 et la crise financière mondiale qui a débuté en 2007. Il évoque aussi des problèmes très importants auxquels ils vont sans doute être confrontés dans le proche avenir.
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De plus en plus de pays font d’un certain taux d’inflation le principal objectif de leur politique monétaire, et les résultats sont probants
Le dispositif de ciblage de l’inflation Depuis le début, le ciblage de l’inflation comporte quatre éléments principaux (Mishkin, 2004; Heenan, Peter and Roger, 2006) : • La banque centrale reçoit pour mission d’assurer la stabilité des prix, objectif premier de la politique monétaire, et est dotée à cette fin d’une large autonomie opérationnelle. • Un objectif quantitatif d’inflation est fixé. • La banque centrale rend compte de la réalisation de l’objectif dans le respect des obligations de transparence de la stratégie et de son exécution. • On procède à une évaluation prospective de l’inflation, appuyée sur toute une série d’informations. Ces éléments résultent de la théorie et de l’expérience